Les Loisirs de captivité d'un soldat français prisonnier de guerre à Ansbach,Bavière

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Le XIXème Siècle
Chronologie
Chemins de Fer

 

Les Chemins de Fer au XIXème Siècle

Trajet des 18 et 19 juillet 1870 (la montée au front)

Trajet du 31 octobre au 8 novembre 1870 (la captivité)

Trajet du 21 avril au 8 juin 1871 (le retour de captivité)

Le matériel roulant

 

"En 1870, Lille est à quatre heures de Paris, Lyon à moins de neuf heures, Bordeaux et Strasbourg à dix ou douze heures" (in "Le Patrimoine de la SNCF et des Chemins de Fer français", collectif, Flohic Editions). Le chemin de fer contracte les distances.

Entre 1859 et 1883, la longueur du réseau passe de 9 000 à 27 000 km sous la pression des usagers. De nombreuses compagnies régionales indépendantes voient le jour, favorisant un nouvel essor aux intérêts locaux. Le raccordement entre elles est facile. Peu à peu le maillage du pays se construit. Les grands travaux d'infrastructure aplanissent le paysage: viaducs, tunnels en font désormais partie. Les gares sont rapidement construites.  Les grandes compagnies reprendront la plupart de ces petits réseaux à partir de 1875.

Pour la petite histoire, Orléans et Tours ont refusé l'arrivée du chemin de fer au coeur de ville. C'est la raison pour laquelle les gares ont été respectivement construites aux Aubrais et à Saint-Pierre-des-Corps. De nos jours encore, la ligne ne les traverse pas, ni Orléans ni Tours. C'est un peu plus tard que les gares de ces deux grandes villes, ne pouvant plus refuser cette commodité, ont été construites en cul-de-sac, à l'image des gares parisiennes, points de départ de la toile qui s'est tissée au fil des ans.  

En 1870, le réseau ferré est donc déjà très dense. Les troupes sont acheminées par le chemin de fer directement sur les champs de bataille. C'est une façon de faire la guerre qui n'est pas nouvelle. La guerre de Sécession et la guerre austro-prussienne l'ont précédée. De l'étude qu'en fera l'officier d'ordonnance de A de Charbonneau  en 1871, il ressort que l'organisation stratégique de la France dans la guerre franco-prussienne est singulièrement désordonnée. Les Français ne disposent que d'un seul bataillon de 600 employés de chemin de fer contre 4 corps de militaires chez les Prussiens. 9 000 blessés seront transportés par les Compagnies de l'Est et du Nord après la bataille de Sedan.  

Il est probable que tout le matériel disponible sue les différents réseaux ferrés de France, comme le très célèbre PLM, le moins prestigieux PO ( Paris-Orléans) , Ouest, Midi  et autres compagnies, fut réquisitionné pour acheminer les troupes, l'artillerie, les munitions dans l'est du pays. 

Au contraire des Français qui ont agi dans la précipitation, l'organisation prussienne était bien mieux planifiée.  Entre 1840 et 1848, Paul de Bourgoing , est Ambassadeur de France en Bavière. En 1846 , il est invité à assister à des manoeuvres militaires au cours desquelles l es Bavarois s'essaient à l'embarquement de troupes d'infanterie, de cuirassiers et d'unités d'artillerie. L'essai est concluant: les chevaux ne sont pas effrayés et la poudre ne présente aucun danger. L es Prussiens avaient remarquablement anticipé cette guerre et leur réseau n'en était pas moins dense.

Pourtant, dès 1842, Jean-Jacques Pelet (1777-1858) , membre de l'état-major général intervient à la chambre lors des discussions sur le projet de la loi Legrand . Il est le seul à envisager l'utilisation purement militaire des chemins de fer. Il suit la pensée de Maximilien Lamarque , ancien général de Napoléon Ier, qui déclarait, le 29 juin 1829, au cours des discussions du budget militaire de 1830: "L'utilisation stratégique des chemins de fer entraînerait dans la science militaire une révolution aussi profonde que celle de la poudre à canon".

Dès le mois de septembre 1851, le ministère de la guerre fait rédiger un règlement sur le transport de troupes par chemin de fer. En mars 1854, la France intervient aux côtés du Royaume-Uni et des Turcs contre la Russie au cours de la guerre de Crimée. Les troupes et le matériel sont acheminés jusqu'à Marseille en quelques jours en dépit de quelques portions de trajet sans chemin de fer, notamment entre Lyon et Valence. Le règlement fera l'objet de modifications en 1855 à la lumière du test grandeur nature de la guerre de Crimée. Soldats, armes, équipements prennent place dans les wagons de manière rationnelle selon les conclusions et le travail d'organisation de R. de Coynard, chef d'escadron à l'état-major .

Clovis Hardy et ses compagnons feront trois trajets en chemin de fer et rien, dans son carnet, n'indique que ce moyen de transport le surprend. Ils sont clairement identifiés et chose étonnante, les lignes sur lesquelles il a circulé, existent encore aujourd'hui. Certaines sont devenues ou sont restées des lignes de trafic local, notamment en Allemagne. Elles serpentent le long du Rhin, se faufilent dans des tunnels, enjambent les rières. Les gares dont il prend soin de noter les noms sont encore aujourd'hui des gares actives et utilisées.  

TRAJET des 18 et 19 juillet 1870 

LA MONTEE AU FRONT

Le temps consacré à l'acheminement des hommes et leur équipement est assez court compte tenu des distances parcourues. C'est après que la pagaïlle s'installe. Les bivouacs sont mal organisés et l'intendance ne suit pas. La troupe se nourrit sur le pays et les munitions font défaut. Clovis Hardy et le 63ème de ligne quittent Mourmelon le Petit le 18 juillet 1870. Y faisait-il son service ? C'est en tout cas à Châlons qu'il prend le train. 

"dans l'ordre des villes et villages traversés par mon régiment"

 

MOURMELON LE PETIT

SAINT-HILAIRE-AU-TEMPLE

LA VEUVE

CHALONS SUR MARNE

VITRY LE FRANCOIS

BAR LE DUC

SORCY

FOUG

TOUL

LIVERDUN

FROUARD

FAULQUEMONT

GRIGNY

MARBACH

PONT A MOUSSON

ARS SURMOSELLE

REMILLY

HOMBOURG

SAINT-AVOLD

BENING-MERLEBACH

 

TRAJET du 31 octobre au 8 novembre 1870

EN ROUTE POUR LA CAPTIVITE

Dès la capitulation de Metz, les départs en captivité sont rapidement organisés par les Prussiens. Les trains partis du coeur de l'Allemagne chargés de munitions, de matériel et de produits alimentaires sans doute pour la troupe d'occupation prussienne repartent à pleine charge de prisonniers français qui sont répartis en Allemagne suivant leur grade et leur régiment d'affectation. Deux camps d'attente et de préparatifs ont précédé ce départ, à proximité de la gare de Courcelles.

1er Camp         MAGNY- Ferme SAINT-THIEBAULT

2ème Camp     ARS-LAQUENEXY

 

Gares traversées                               Orthographe rectifiée             

 COURCELLES ( 15 km de METZ)

 SAINT-AVOLD

 FORBACH

 SAARBRUK                                        SARREBRUCK

 KAISERSLAUTEN                               KAISERSLAUTERN

 HALIEBERG                        

 HOCHSPEYER

 FRANKESTEIN

 WEIDENTHAL

 NEUSTADTE

 LEHRBERG                                                                         

 SCHIFFERSTADTE

 LUDVIGSHAFEN                                  LUDWIDSHAFEN

 MANNHEIM

 STUTTGARDT                                     STUTTGART

 PRAXELLES

 GMUND

 ESSINGEN

 AALEN

 NORDLINGEN

 OETINGEN

 ALTENHUR

 ANSBACH (Bavière)

Arrivée le 8 novembre 1870  à 4 heures du soir après 46 heures de chemin de fer

 

 

TRAJET du 21 avril au 8 juin 1871

 

LE RETOUR VERS LA FRANCE

 

En revanche, le retour de captivité depuis Ansbach est interrompu pendant 46 jours à Würtzburg. Clovis n'y donne aucune explication. L'attente a pu être la conséquence d'une pénurie de matériel roulant que la France n'avait pas encore fourni, conformément à ses engagements. Les convois servaient peut-être aussi prioritairement au renforcement des effectifs de l'occupant, de son intendance et le retour des prisonniers n'était que secondaire aux yeux des Prussiens.

 

Départ probable de la gare d'ANSBACH le 21 avril.

Le trajet jusqu'à WURTZBURG a été réalisé dans la journée. La transcription de la 1ère colonne est telle qu'elle apparaît dans les "Loisirs". Nous avons rectifié l'orthographe des toponymes chaque fois que nécessaire en 2ème colonne.

 

"dans l'ordre des gares que nous avons passées"

 

Gares traversées                               Orthographe rectifiée             

Villes traversées               

1ère           LEHRBERG   

2ème         ROSENBACH                      

3ème         LURGBERNHEIN                  BURGBERNHEIM       

4ème         STEINACH                           STEINACH AN DER ENS

5ème         ERMETZHOFEAFE               ERMETZHOFEN

6ème         UFFENHEIN                          UFFENHEIM

7ème         HERRNBERGSHEIN              HERRNBERCHTHEIM

8ème         MARKTBREIT

9ème         OCHSENFURT

10ème       WINTERHAUSEN

11ème       HERDEISELD                        HEIDINGSFELD EIBELSTADT

12ème       WURTZBURG                     

 

Interruption du voyage pendant 46 jours

 

Gares traversées                               Orthographe rectifiée             

Villes traversées

 

WURTZBURG                      

HEICHENSBERG                                 REICHENBERG

GEROLSHAUSEN                               GEROLDHAUSEN

KIRCHSHEIM                                        KIRCHHEIM

GUBISHEIM                                       BEROLZHEIM

SFERBURKEIN                                     OSTERBEN

MOSBACH

BARTBACH                 ?                      EBERBACH

EDELBERG                                          HEIDELBERG

BRUCHSAL

UTERGROMBACH                               UNTERGROMBACH

WEINGARTEN

DURLACH

GULLINGEN                  ?                     ETTLINGEN ou OTIGHEIM

RASTATT 

DOS                                                    OOS

BUHL

MERXHEIM                    ?     ( Gare introuvable )

BOLLWILLER     (1)      ?     ( Doit être celle qui se trouve au sud de COLMAR )

WITTELSHEIM

DORGEBACH

ERRSTEIN          (2)                             ERSTEIN

                                            ( Cette gare se trouve au sud de  STRASBOURG )

STRASBOURG 

Rectification      (2)                             ERSTEIN ( Ordre des gares- cf: ci-dessus  )               

CELESTAT                                          SELESTAT

COLMAR

Rectification      (1)                             BOLLWILLER ( Ordre des gares - cf: ci-dessus )  

EGCEISEM                                           EGHISHEIM

HERRLISSEM                                      HERRLISHEIM-PRES-COLMAR

ROUFFACH

UFFURT           (3)                              ILLFURTH

                                             ( Cette gare se trouve au sud de MULHOUSE )

MULHOUSE

Rectification    (3)                               ILLFURTH ( Ordre des gares - cf: ci-dessus )  

ALTKIRCH

DAMMERKICH                                     DAMMERKIRCH, DANNEMARIE

MONTREUX-VIEUX

BELFORT

CHAMPAGNIE                                     CHAMPAGNEY

RONCHAMPS

LURE

GENEVREUILLE                                   GENNEVREUILLE

COLOMBIER

VESOUL

GRAY

TALMAY

AUXONNE

CHAMPVANS

DOLE

ROCHEFORT                                       ROCHEFORT-SUR-NERON

ORCHAMPS

LABARRE                                           LA BARRE

RANCHOT

SAINT VIT

DANNE MARIE                                    DANNEMARIE-SUR-CRETE

FRANOIS

BESANÇON               Arrivée le 8 juin 1871                                                                          

 

La portion de trajet entre Buhl et Altkirch est confuse et comporte des erreurs de transcription, des inversions de noms de gares.  Le trajet a pu être effectué de nuit. Les gares ne devaient pas être éclairées, soit par manque de moyen, soit par nécessité de black-out. Mais il est possible aussi que chacun dormait du sommeil du juste, anéanti par ce long voyage et l'excitation qui le précéda. 

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LE MATERIEL ROULANT

 

Il paraît probable que les Crampton conçues dès 1840 et construites sous licence par Jean François Cail, assuraient toujours leur service 30 ans plus tard. La dernière Crampton "Le Continent" ne sera retirée du service qu'en 1914 et sera exposée à la gare de l'Est de 1931 à 1946.

 

Les machines construites à partir de 1852-1854 ont très certainement servi pendant le conflit. Bien que relativement peu puissantes, les vitesses restent honorables et sont évidemment sans commune mesure avec celle d'une armée de fantassins en marche. 

 

Simple et robuste, la "Bourbonnais" de 1854 assurera son service pendant trois-quarts de siècle. Les dernières, tendérisées entre 1907 et 1913, rouleront encore jusqu'au début des années 1960.

 

Lorsqu'on évoque les machines du XIXème siècle, comment ne pas porter une attention toute particulière à "La Lison" de "La Bête Humaine", film que réalisa Jean Renoir en 1938. Mise en service dès 1857, la locomotive 120 à dôme "pot à moutarde" de la compagnie de l'Ouest y a gagné en célébrité. Mais aucune machine ne s'est appelé "La Lison". Celle qui a servi de modèle à Emile Zola est une machine construite pour les Compagnies de Caen et de l'Ouest, entre 1855 et 1864, Il s'agit de la n° 229 de type 021 de la série 201-250. Les "actrices" du film de Jean Renoir sont des Pacific Etat 231-500, apparues sur le réseau vers 1907 et transformées pour la circonstance.

 

En Allemagne, les locomotives Engerth de 1851, du nom de l'ingénieur autrichien Wilhelm von Engerth, sont produites par Emil Kessler, établi à Karlsruhe puis à Esslingen dans le Würtemberg.

 

La conception des voitures pour voyageurs remonte à l'année 1845. Techniquement, il n'y pas de grandes modifications ou amélioration à apporter. C'est un matériel robuste, standardisé mais peu confortable.

 

Locomotives à vapeur et à tender séparé

 

Type                                               Année             Compagnie            Vitesse

 

10 1/40 Crampton                           1840                PLM                         100

111 Buddicom                                 1843                Etat                            80

030 1001/1364 Mammouth              1852                PLM                           65

111 146/160 PLM Fontainebleau     1854                PLM                           80

111 1/32                                          1854                PO                             80

111 1/40                                          1855                Midi                            85

030 3A1 Bourbonnais                     1857                PLM                           60

040 4001/4165                                1869                PLM                           50

220 2.821/2.911 Outrance              1871                Nord                        120

 

Locomotives-tender à vapeur

 

Type                                                Année             Compagnie          Vitesse

 

030T 2801/3835                              1848                Nord                        30

030T 451/454                                  1848                Midi                          30

120T 21-561/725 Bicyclette            1849                Ouest/Etat               60

030TB 1/215 Coucou PLM               1855                PLM                         50

030T 5701/5802                              1857                PLM                         40

030TA 607/698                               1861                Ouest/Etat               45

 

Voitures à essieux indépendants (voyageurs)

 

Type                                                Année             Compagnie         Vitesse

               

BC                                                   1845                Toutes                   100

B3 PLM                                            1845                PLM                       100

A2B2 OUEST                                   1845                Ouest/Etat             100

B4 PLM                                            1845                PLM                       100

A3 PLM                                            1845                PLM                       100

C6                                                    1845                Toutes                   100

A4                                                   1845                Toutes                   100

C5 PLM                                            1845                PLM                       100

B5                                                    1845                Toutes                   100

A2 PLM                                            1845                PLM                       100

 

Fourgons et voitures postales à essieux indépendants

 

Type                                                Année             Compagnie        Vitesse

 

DD PLM                                            1845                PLM                     100

Fourgon                                           1855                PO                         70

PA                                                   1859                Toutes                 100

DD 25160 ETAT                               1860                Ouest/Etat             80

 

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